Roberta  Magalhaes
Vice-présidente, gestion régionale des avantages sociaux, Mercer Marsh Avantages Sociaux
Toutefois, en raison de la triple menace que représentent l’inflation des frais médicaux, les négociations de renouvellement potentiellement difficiles et l’incertitude économique, la limitation des coûts occupe une place importante dans le programme de l’entreprise. Avec l’intérêt grandissant de la filière HD pour les coûts des programmes d’avantages sociaux, la pression augmente sur les équipes des ressources humaines, qui doivent démontrer la valeur créée par l’argent investi.
Malgré cela, selon notre rapport sur les risques liés aux ressources humaines de 2022, la recherche montre que seulement 42 % des responsables des ressources humaines et des gestionnaires de risques interrogés ont actuellement une stratégie efficace de limitation des coûts qui combine la conception de programme, la gestion des risques liés à la santé et le placement d’assurances.
Les employeurs doivent prioriser des stratégies de limitation sur plusieurs années et en plusieurs volets, qui mettent l’accent sur l’amélioration de la santé des employés tout en maintenant le contrôle des dépenses. La réduction de la garantie dans le simple but de réduire les coûts entraîne un risque de désengagement de la main-d’œuvre, ce qui augmente le potentiel de maladies entraînant une faible productivité, des absences, un plus grand roulement du personnel et des dommages à la réputation.
Selon notre rapport sur les tendances en matière de santé de 2023, la recherche révèle que les taux d’augmentation des frais médicaux dépasseront ce qui était prévu plus tôt cette année, soit 9,5 % en 2022, pour atteindre 12,7 % en 2022 et 12,6 % en 2023.
Plusieurs facteurs contribuent à l’augmentation des coûts. L’inflation mondiale augmente les coûts unitaires des services et des fournitures. Dans certaines régions, on observe également des tendances à une utilisation plus élevée en raison du nombre accru de personnes qui ont accès aux services. À l’échelle mondiale, près de deux assureurs sur cinq (37 %) affirment que l’activité des réclamations liées aux soins médicaux est touchée par une incidence plus élevée de maladies chroniques en raison de changements de mode de vie, et près de trois assureurs sur cinq (58 %) déclarent un coût plus élevé par réclamation parce que des traitements plus avancés sont requis en raison de soins différés. Tout particulièrement en Asie, au fur et à mesure que les villes sortent de périodes de confinement strict et d’interruption des soins, les gens sont de nouveau à la recherche de traitements médicaux pour des maladies chroniques et non urgentes.
L’incertitude économique pourrait compliquer la renégociation des primes et leur communication à l’interne, et les équipes des ressources humaines devront répondre à des questions difficiles tout au long du cycle de renouvellement.
Dans ce contexte économique, il sera plus difficile de limiter les coûts. Parallèlement, la réduction des avantages sociaux offerts dans le but d’économiser de l’argent peut entraîner le départ de talents clés qui chercheront de meilleures conditions ailleurs. Les employés qui resteront auront besoin de plus de soutien pour gérer leur bien-être physique, mental et même financier.
Les entreprises qui ne protègent pas suffisamment leurs travailleurs devront faire face aux répercussions des problèmes de santé et des niveaux de stress plus élevés. Cela pourrait entraîner des coûts importants pour l’entreprise, notamment en raison d’une faible productivité, du remplacement du personnel de haut niveau, ainsi que des primes d’assurance élevées découlant de problèmes de santé qui auraient pu être évités ou gérés.
Plutôt que de réduire les budgets, les employeurs devraient se concentrer sur la limitation des coûts et sur la valeur créée par l’argent investi. Cela signifie qu’ils doivent tirer profit d’innovations comme les soins virtuels, et miser sur les économies à long terme qui peuvent résulter de la création d’une culture axée sur un mode de vie sain.
Chez Mercer Marsh Avantages Sociaux, nous croyons qu’il y a trois mesures essentielles que les employeurs doivent prendre pour réussir à limiter les coûts.
Les programmes d’avantages sociaux doivent être rentables, mais ils doivent également favoriser la santé des employés. La première étape pour y parvenir consiste à examiner la conception de votre programme et à y apporter des modifications pour en optimiser la valeur. Cela signifie que vous devez évaluer les leviers pour vous assurer qu’ils sont toujours adaptés à l’objectif.
Lorsque l’inflation des frais médicaux est élevée, les franchises et les quotes-parts doivent être augmentées pour que les programmes fonctionnent comme prévu. Par exemple, dans un programme conçu il y a plusieurs années, un montant de 10 $ US était peut-être initialement suffisant pour couvrir une dépense habituelle, mais ne représente plus un irritant à l’heure actuelle. En général, nous constatons qu’il est préférable de partager un pourcentage plutôt qu’un montant en dollars, de sorte que les mécanismes continuent de fonctionner lorsque les coûts augmentent (idéalement avec un plafond de frais déboursés qui garantit que la portion des coûts de l’employé demeure abordable).
Bien que le partage des coûts soit une mesure importante dans la limitation de ceux-ci, il importe de mettre en place des mécanismes de contrôle pour s’assurer que les soins sont abordables pour tous les employés. Il pourrait être nécessaire d’inverser la pyramide afin que les travailleurs ayant les plus bas revenus reçoivent le plus d’aide.
Les employeurs doivent envisager ce qui suit :
La création d’une culture axée sur la santé et la mise en place de mesures de prévention constituent la prochaine étape pour réussir à limiter les coûts.
Nos recherches démontrent toujours que les maladies circulatoires, gastro-intestinales et respiratoires demeurent les principales causes de demandes d’indemnité lorsqu’on mesure le coût et la fréquence. Cependant, il y a des mesures simples que les employeurs peuvent prendre pour inciter les gens à choisir un mode de vie qui aide à prévenir de telles maladies.
En s’assurant que les gens obtiennent des soins prénataux complets ou gèrent efficacement les maladies comme le diabète ou l’asthme, on contribue à limiter les coûts à court terme. Les outils de gestion de facteurs de risque comme le tabac ou les questions de mise en forme jouent un rôle plus important dans la limitation des coûts à long terme, tout en améliorant la qualité de vie.
La santé mentale est un domaine d’intérêt croissant. En fournissant des outils et des services médicaux, on peut aider les employés à gérer le stress, l’anxiété et la dépression, ce qui mène à une main-d’œuvre plus heureuse, plus motivée et plus productive.
Une approche diversifiée de la limitation des coûts sera extrêmement efficace pour minimiser les augmentations de coûts à court et à long terme. Cependant, la création d’une culture axée sur la santé, incluant des communications, est essentielle à l’efficacité de vos programmes. Des communications personnalisées ciblant certains groupes démographiques permettront d’augmenter l’efficacité de vos programmes en matière de coûts.
Les employeurs doivent envisager ce qui suit :
Avec l’augmentation de l’inflation, les employeurs devraient examiner soigneusement leurs partenaires d’assurance pour s’assurer que leurs prix sont justes et que leurs modalités sont concurrentielles. Lors du renouvellement, des négociations efficaces sont cruciales.
Les manques d’efficacité des programmes d’avantages sociaux créent souvent des doublons ou des lacunes dans la garantie. Cela peut entraîner du gaspillage ou des coûts supplémentaires à long terme. L’harmonisation des fournisseurs permet de gérer ce risque tout en aidant à réduire les coûts administratifs frictionnels.
Vérifiez que vos partenaires potentiels peuvent fournir les données dont vous avez besoin, afin que vous puissiez repérer les tendances en matière de réclamations et réagir de façon appropriée. Examinez l’éventualité de passer à un nouvel assureur, en évaluant les avantages possibles en matière de coûts par rapport aux irritants que les nouveaux processus de réclamation pourraient créer pour les travailleurs. Certains avantages sociaux, comme l’assurance vie, sont plus faciles à déplacer, tandis que d’autres peuvent nuire à l’expérience de l’employé.
La solution consiste à travailler avec un courtier de confiance qui comprend le marché et qui peut trouver les meilleurs produits et solutions, et ce, au bon prix. Cela pourra vous aider à repérer les risques émergents et à rechercher des façons novatrices de les gérer.
Les employeurs doivent envisager ce qui suit :
Les dirigeants des ressources humaines sont sous pression, plus que jamais. Nos recherches montrent que les dépenses en avantages sociaux ont augmenté pendant la pandémie, mais que la surveillance par les gestionnaires s’est accrue en même temps. Bien qu’il soit naturel d’envisager la réduction des coûts en réponse à l’inflation des frais médicaux et au resserrement des conditions économiques, cela peut avoir de graves conséquences pour les entreprises. Les employeurs devraient plutôt examiner des solutions qui augmentent la valeur, tout en s’assurant que les travailleurs reçoivent un bon soutien, sont en bonne santé et demeurent motivés.
En ce qui concerne les compétences nécessaires, nous devons composer avec une pénurie à long terme et un marché concurrentiel. Les avantages sociaux sont donc un outil essentiel pour attirer et retenir les talents. Toutefois, cela ne signifie pas que les budgets doivent exploser. En concevant plutôt de manière à créer de la valeur, en mettant l’accent sur la prévention et en augmentant l’efficacité, les entreprises peuvent trouver l’équilibre entre les coûts et l’empathie, tout en veillant sur leurs employés et sur leurs affaires.
Vice-présidente, gestion régionale des avantages sociaux, Mercer Marsh Avantages Sociaux
Directeur des services-conseils en santé et avantages sociaux, Mercer Marsh Avantages Sociaux
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