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Combler l’écart : il est temps de prioriser la santé mentale en milieu de travail

La santé mentale est essentielle à la productivité, à la créativité et au bonheur. Alors que les frontières entre vie professionnelle et personnelle s’estompent, les employeurs doivent prioriser la santé mentale de leurs employés.

La santé mentale est plus qu’un mot à la mode. Elle influence directement notre productivité, notre créativité et notre bien-être. Alors que les frontières entre le travail et la vie personnelle deviennent de plus en plus floues, il est essentiel que les employeurs prennent des mesures pour prioriser la santé mentale de leurs employés.

Pourtant, les gouvernements continuent de sous-investir dans les services de soutien en santé mentale. En moyenne, les pays consacrent seulement 2 % de leur budget de santé à ce secteur^[1], ce qui limite l’accès aux traitements pour les personnes souffrant de troubles mentaux. Parallèlement, les assureurs médicaux ne fournissent souvent pas une couverture suffisante pour les soins ambulatoires en santé mentale, comme le counseling et la thérapie, réduisant encore les options pour ceux qui ont besoin d’aide. Selon les tendances en matière de santé de Mercer Marsh Avantages Sociaux, seulement 47 % des assureurs dans le monde incluent généralement une couverture pour les séances de counseling.

Cette situation a des répercussions non seulement sur les personnes, mais aussi sur les organisations pour lesquelles elles travaillent. Les recherches sur les risques liés aux ressources humaines 2024^[2][3]révèlent que la santé mentale est le deuxième risque le plus grave auquel sont confrontés les professionnels des ressources humaines et de la gestion des risques aujourd’hui. Dans de nombreux cas, la détérioration du bien-être psychologique entraîne une baisse de productivité^[4] et une augmentation de l’absentéisme.^[5] Le résultat? Douze milliards de journées de travail perdues chaque année à cause de la dépression et de l’anxiété, ce qui coûte mille milliards de dollars américains par an aux entreprises mondiales.^[6]

Un rôle essentiel pour les employeurs

Face au sous-investissement gouvernemental, à la couverture d’assurance limitée et à l’évolution de l’environnement de travail, il est temps que les employeurs dépassent les notions traditionnelles de sécurité en milieu de travail et priorisent le soutien à la santé mentale de leurs employés. Alors que les risques physiques sont depuis longtemps encadrés par des directives et des mesures de protection, il est tout aussi important de reconnaître que des facteurs comme la charge de travail, le rythme de travail, le respect et le harcèlement influencent le bien-être mental des employés. Les gouvernements et les organismes de réglementation exigent de plus en plus que les organisations fassent davantage pour gérer les risques psychosociaux en milieu de travail. Par exemple, des normes mondiales comme ISO 45003 exigent que les entreprises protègent non seulement la sécurité physique, mais aussi la santé mentale de leurs travailleurs. En utilisant des méthodologies d’évaluation des risques, les organisations peuvent repérer et atténuer ces risques psychosociaux, tout en mettant en place des pratiques protectrices et solidaires afin de faire ce qui est bon pour leurs employés et leurs résultats.

Bien que l’élaboration d’une stratégie globale en santé mentale prenne du temps, il existe des mesures rapides que les employeurs peuvent mettre en œuvre pour avoir une influence significative et démontrer leur engagement envers le bien-être mental de leurs employés. Ces mesures sont les suivantes :

Engager la conversation et normaliser le bien-être mental dans votre organisation
Écouter les besoins de vos employés
Examiner la couverture en santé mentale de votre assureur et combler les lacunes

Engager la conversation et normaliser le bien-être mental dans votre organisation

Il est important de briser les tabous entourant la santé mentale en parlant ouvertement de sujets comme l’anxiété et la dépression en milieu de travail. Les cadres supérieurs doivent montrer l’exemple en adoptant des comportements positifs, comme maintenir un équilibre sain entre vie professionnelle et personnelle, et en créant une culture qui valorise la santé mentale. Cela peut inclure la formation des gestionnaires pour qu’ils reconnaissent les signes de détresse mentale chez leurs équipes et orientent les employés vers les ressources existantes, comme un programme d’aide aux employés.

Écouter les besoins de vos employés

Un écart croissant existe entre le soutien et les traitements dont ont besoin les employés et ceux auxquels ils ont accès. Les employeurs devraient organiser des séances d’écoute et des groupes de discussion pour comprendre les défis particuliers auxquels leur personnel est confronté. Cela permettrait de mettre en place des initiatives plus ciblées et efficaces.

Il est essentiel que chaque voix soit entendue pour garantir une stratégie inclusive qui réponde aux besoins de tous les employés. Par exemple, les personnes ayant des responsabilités familiales rapportent souvent des niveaux élevés de stress émotionnel^[7] et sont plus susceptibles de travailler même lorsqu’elles se sentent mal mentalement, ce qui augmente leur risque d’épuisement professionnel. De plus, les employés neurodivergents craignent souvent la stigmatisation et la discrimination de la part de leurs collègues, ce qui peut nécessiter des ajustements particuliers, comme des horaires flexibles ou des espaces de travail privés.^[8]

^{Figure 1 | Source: MMB Health on Demand 2023}

Les lacunes dans la prestation des services de santé mentale

_{* Graphique en anglais seulement}

Examiner la couverture en santé mentale de votre assureur et combler les lacunes

Les tendances en matière de santé de Mercer Marsh Avantages Sociaux révèlent que 43 % des assureurs couvrent généralement les traitements en santé mentale en milieu hospitalier, et environ la moitié couvrent le counseling ou les traitements ambulatoires. Il reste des possibilités d’inciter davantage d’assureurs à inclure une couverture en santé mentale sans exclusions ni périodes d’attente permettant aux employés d’obtenir les soins dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin. Les employeurs jouent un rôle clé pour pousser les assureurs à améliorer leurs offres ou à adopter de nouvelles solutions, comme la téléthérapie, les applications de santé mentale ou les soins pour adolescents. À l’approche du renouvellement de votre régime d’assurance médicale, examinez votre politique et vérifiez si la santé mentale y est incluse. Assurez-vous qu’il n’y a pas d’exclusions ou de limitations, et négociez avec votre assureur pour les supprimer.

Le moment est venu d’agir

Alors que nous faisons face aux défis de l’avenir du travail, prioriser le bien-être mental n’est plus une option, mais une nécessité. Bien que les gouvernements et les assureurs doivent en faire plus, les employeurs ont tout intérêt à prendre les devants. En abordant ouvertement la santé mentale, en écoutant les besoins des employés et en garantissant l’accès à des soins de qualité, les organisations améliorent non seulement la productivité et la rétention, mais construisent aussi une entreprise plus forte et résiliente.

¹ Organisation mondiale de la Santé (2021). ATLAS de la santé mentale 2020.

² Mercer Gestion des risques liés aux ressources humaines

³ Marsh Les cinq piliers en matière de risques liés au personnel

⁴ Beck, Crain, Solberg, Unutzer, Glasgow, Maciosek, Whitebird. « Severity of Depression and Magnitude of Productivity Loss », Ann Fam Med., vol. 9, no 4 (2011), pp. 305-311.

⁵ Bryan, Bryce, Roberts. The effect of mental and physical health problems on sickness absence. Eur J Health Econ., vol. 22, no 9 (2021), pp. 1519-1533.

⁶ Organisation mondiale de la Santé, La santé mentale au travail. (2022).

⁷ AARP (2023) A look at US caregivers’ mental health

⁸ McDowell, A., Doyle, N. et Kiseleva, M. (2023). Neurodiversity at work: Demand, supply and a gap analysis. Birkbeck, University of London