Par Rachel Ramskill ,
Directrice, Pertes d’exploitation et risques émergents, Inde, Moyen-Orient et Afrique
02/06/2024 · Lecture de 5 minutes
À la suite d’un événement de dommages matériels, le montant des pertes financières découlant de la perturbation des activités commerciales peut parfois dépasser les coûts de réparation de ces dommages aux installations. Afin d’atténuer les risques, les organisations doivent chercher à comprendre clairement leurs vulnérabilités et les facteurs qui peuvent les affecter. Les installations énergétiques sont soumises à une variété de facteurs qui peuvent perturber les activités commerciales et avoir une incidence sur la continuité; les chaînes d’approvisionnement intégrées peuvent provoquer des perturbations ou créer un effet domino. Les dommages matériels aux biens causés par des incidents liés à la sécurité des processus, des cyberattaques, des défaillances de la chaîne d’approvisionnement ou des conditions météorologiques volatiles et sévères peuvent entraîner des perturbations opérationnelles.
La garantie standard contre les pertes d’exploitation comprise dans les polices d’assurance de biens de première partie peut ne pas répondre aux besoins uniques des activités énergétiques et électriques. Compte tenu de la diversité des cas d’applications dans ce secteur, il est impossible d’adopter une approche universelle. L’expansion rapide du secteur de l’énergie renouvelable, les interdépendances croissantes entre les installations multisites et les diverses ententes contractuelles au sein des chaînes d’approvisionnement intégrées ont amené les titulaires de police à adopter différentes approches pour obtenir et souscrire une garantie contre les pertes d’exploitation. Les exploitants doivent être prêts à évaluer et à réévaluer leurs risques liés aux pertes d’exploitation, et à revoir leur approche de souscription en conséquence.
La garantie contre les pertes d’exploitations comprise dans les polices d’assurance de biens est conçue pour indemniser une entreprise en cas de perte financière à la suite de dommages matériels ou de bris de machines. Les polices peuvent être structurées de manière à protéger le profit brut ou les coûts fixes et le service de la dette, et elles envisagent souvent des augmentations imprévues des dépenses d’exploitation, comme le coût d’utilisation d’installations temporaires ou d’importation de matières premières pour maintenir les activités.
Tenir compte des mécanismes de protection contre les pertes d’exploitation à la lumière des accords commerciaux réels d’une organisation est une étape importante pour évaluer le niveau de garantie et la façon dont toute réclamation future pour pertes d’exploitation pourrait être traitée. Bien que les données historiques et projetées, au-delà des mesures comptables standard, soient essentielles, les calculs relatifs aux pertes d’exploitation doivent également tenir compte des conditions de couverture et de la manière dont s’effectue la reprise. Au cours du processus de réclamation, certaines organisations découvrent que les valeurs assurées diffèrent considérablement des valeurs de base utilisées par les équipes de comptabilité pour la budgétisation et les prévisions. Les professionnels du risque d’une organisation doivent confirmer que la garantie contre les pertes envisagée en fonction des normes, des mesures et des calculs comptables est suffisante pour faire en sorte que les ententes commerciales et réglementaires de l’organisation sont susceptibles d’être respectées. L’organisation doit également disposer de l’information, des systèmes et des capacités nécessaires pour préparer les données sur les pertes d’exploitation en fonction de la garantie contre les pertes d’exploitation souscrite.
L’inflation élevée, associée à des retards de la chaîne d’approvisionnement et à des pénuries de matériel, peut entraîner des délais de rétablissement prolongés. Par exemple, les retards récents dans l’approvisionnement de tuyaux en acier et de boîtiers pour le forage ont limité la production aux États-Unis. Il est important de passer en revue la durée des périodes d’indemnisation et de déterminer les répercussions potentielles d’une sous-assurance.
Les chaînes de valeur intégrées et les actifs consolidés peuvent contribuer à l’optimisation et à l’amélioration de la rentabilité. La transition énergétique est susceptible de favoriser la tendance à consolider les actifs, car les exploitants chercheront à rationaliser l’infrastructure la moins rentable et la plus redondante. Par exemple, les actifs pétroliers et gaziers en mer qui ont atteint la fin de leur vie commerciale pour produire des hydrocarbures peuvent être réutilisés pour faire partie d’un réseau de transport et de stockage de capture de carbone.
Cependant, l’intégration et la consolidation peuvent introduire de nouveaux risques liés aux pertes d’exploitation indirectes. Une dépendance accrue à un plus petit nombre d’installations pourrait vouloir dire que toute perturbation peut avoir des conséquences plus importantes au-delà de l’emplacement des dommages matériels. Par exemple, si un emplacement subit une panne imprévue, cela pourrait entraîner des pertes économiques dans l’ensemble de la chaîne de valeur.
Bien qu’une stratégie opérationnelle allégée puisse améliorer la marge, les problèmes imprévus ont le potentiel d’annuler ces gains. Les pertes d’exploitation pourraient être plus importantes que prévu si l’on ne tient pas compte de la manière dont un événement pourrait affecter les chaînes de valeur et d’approvisionnement interdépendantes.
Les récents prix plus élevés des produits de base ont augmenté les bilans, mais la valeur de ces gains pourrait ne pas être entièrement protégée par la garantie actuelle contre les pertes d’exploitation. La variabilité des marchés et le contexte réglementaire et géopolitique peuvent rendre difficile la prévision précise des marges d’exploitation.
Les polices d’assurance sont souvent fondées sur les prévisions faites plusieurs mois avant le renouvellement d’une police. Il peut être utile d’inclure une clause de garantie contre les pertes d’exploitation visant à permettre un niveau de volatilité des valeurs, mais les organisations doivent s’efforcer de mettre à jour ou de maintenir l’exactitude des valeurs déclarées tout au long de la durée de vie de la police qui comprend la garantie contre les pertes d’exploitation.
Les risques dans le secteur de l’énergie et de l’électricité sont parmi les plus difficiles à déterminer, évaluer, gérer et atténuer. La résilience d’une organisation aux risques liés aux pertes d’exploitation doit être continuellement évaluée au fur et à mesure que les ententes opérationnelles et commerciales évoluent. La vérification de l’assurance contre les pertes d’exploitation au moyen d’un éventail de scénarios de pertes crédibles peut aider à déterminer si la couverture est appropriée, et l’exécution d’examens des pertes d’exploitation offre l’occasion de réaligner la garantie en fonction des conditions commerciales en vigueur.
Changements qui pourraient augmenter les risques liés aux pertes d’exploitation