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L’industrie de la construction répond au défi des plastiques

Dans la septième édition de notre magazine construction Building Sight, nous examinons comment l’industrie de la construction contribue à réduire les déchets en utilisant moins de matériaux et en trouvant des moyens d’utiliser plus de matériaux recyclés.

06/02/2020 · Lecture de 7 minutes

Alors que le monde prend conscience des défis environnementaux posés par la consommation massive de plastique, le secteur de la construction réduit sa dépendance aux plastiques à usage unique et augmente son utilisation de plastiques recyclés. Dans la septième édition de notre magazine de construction Building Sight, nous examinons comment le secteur de la construction s’attaque aux questions environnementales et aide les pays à réduire leurs émissions et à atteindre des objectifs ambitieux.

  • Les articles en plastique peuvent prendre jusqu’à 1 000 ans pour se décomposer dans les sites d’enfouissement. En revanche, la réputation de cette matière s’est dégradée bien plus vite. La prise de conscience de ses effets sur l’environnement a incité les entreprises et les personnes à réévaluer leur relation avec le plastique.
  • En tant que grande consommateur de plastique à usage unique, le secteur de la construction pourrait contribuer à réduire considérablement la production de déchets en réduisant l’utilisation de cette matière et en recourant davantage aux matériaux recyclés.
  • Les plastiques les plus utilisés en construction sont le polychlorure de vinyle (PVC), le polyéthylène haute densité (PEHD) et le polystyrène expansé (EPS). Le plastique est utilisé à diverses fins, comme dans les joints, les portes et fenêtres, les tuyaux, les câbles, les revêtements de sol et l’isolation.
  • Le secteur utilise aussi traditionnellement des pellicules de plastique pour l’emballage. Lorsque des installations existent et que les systèmes de gestion du recyclage sont en place, les emballages peuvent être groupés et incinérés dans des usines de valorisation énergétique des déchets.
  • Les plastiques ne sont pas tous nuisibles, et la consommation au sein du secteur semble vouée à augmenter. Par exemple, les tuyaux en plastique représentent déjà la plupart des nouvelles installations de tuyaux. « Contrairement à la croyance populaire, il est important de reconnaître que l’usage du plastique en construction est souvent une bonne chose », affirme Allan Sandilands, consultant principal au cabinet-conseil Resource Futures. « Plusieurs sont très durables et sont installés de façon permanente. Ils sont donc peu susceptibles de devenir des déchets marins ».

De plus, les plastiques sont économiques, robustes, légers, faciles à modeler et faciles à entretenir.

  • « Le principal défi en construction est de séparer, réutiliser et recycler les déchets plastiques en fin de vie », explique-t-il. « Ce n’est pas toujours avantageux financièrement. C’est plus une question de responsabilité sociale d’entreprise et de s’engager à adopter les meilleures pratiques en matière de durabilité. Cela peut donc être difficile à vendre. »
  • « Dans notre expérience, il n’y a pas eu le même mouvement pour s’attaquer aux plastiques à usage unique dans le secteur de la construction que dans d’autres industries. En effet, comparativement à d’autres flux de déchets, ces plastiques représentent une proportion insignifiante des déchets du point de vue du tonnage, et ils n’influencent pas beaucoup les résultats financiers des entrepreneurs. »
  • « Le besoin de protéger la réputation de l’entreprise sur le plan de l’environnement devient un risque de plus en plus pris au sérieux au sein de l’industrie de la construction », croit Robinson Zhang, chef intérimaire de l’infrastructure et du secteur minier pour Marsh en Chine. « Il y a eu des cas notoires où des projets de construction ont causé des dommages environnementaux, et nous savons que ceux-ci ont nui à la réputation des entreprises concernées. »

Plans d’action

Certaines entreprises tentent d’agir concrètement, et reconnaissent l’effet positif de leurs démarches sur leur réputation. En 2019, le développeur et constructeur allemand Diringer & Scheidel Group a utilisé du plastique recyclé dans la construction d’une tour résidentielle de 13 étages afin d’économiser 1 613 tonnes de béton et 136 tonnes de CO2. La construction a utilisé un système breveté de gabarits de cavité faits de plastique recyclé de Heinze Cobiax Deutschland. En gros, des bulles d’air en acier renforcé ont été utilisées pour remplacer jusqu’à 35 % du béton armé normalement requis dans les dalles.

Au Royaume-Uni, Mace est l’une des nombreuses entreprises à se fixer des objectifs de réduction des plastiques grâce à sa campagne « Time to Act » (Il est temps d’agir). En collaboration avec les clients et la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise, Mace a pris des mesures sur ses sites pour réduire les plastiques à usage unique, notamment en utilisant des couvre-chaussures réutilisables, un système en boucle fermée pour les revêtements intermédiaires protecteurs en plastique et l’essai d’un revêtement pour les bennes destinées aux résidus de lessivage de béton.

Mace a également collaboré avec sa chaîne d’approvisionnement mécanique et électrique pour changer la façon dont ses fournisseurs utilisent le plastique de façon générale – entre autres, un fournisseur de modules MEP et de câbles a réduit la présence de plastique à usage unique dans ses produits – ainsi que les plastiques dans leur emballage, afin d’économiser l’équivalent de 40 tonnes de déchets de plastique par année. Mace a également mis en place un programme de nettoyage de plages et de rivières en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et en Irlande, à Dubaï et au Vietnam, et a recueilli environ deux tonnes de déchets plastiques. L’entreprise cherche maintenant à augmenter son utilisation de matériaux recyclés.

L’entrepreneur Multiplex a lancé un plan en juillet 2019 avec deux secteurs d’intérêt clés : l’élimination des plastiques à usage unique et la promotion de la circularité des articles en plastique existants. Appelé « 7:5:3 », le plan s’attaque à 15 catégories de plastique en bannissant les articles en plastique à usage unique qui peuvent être évités, en remplaçant le plastique par d’autres solutions ou en trouvant une nouvelle utilisation pour les articles en fin de vie. Par exemple, les cantines sur les sites de Multiplex ne vendent plus de bouteilles de plastique à usage unique. En outre, pour son projet Principal Tower de Londres, d’une valeur de 200 millions de livres sterling, l’entreprise est passée des tubes de mastic plastique aux tubes de mastic en aluminium, ce qui a permis d’éviter de recourir à plus de 9 290 tubes de plastique à usage unique et de réduire le volume de déchets d’emballage produits de 96 %.

Bien que le secteur de la construction internationale ait encore beaucoup de chemin à faire, les entreprises pourraient être poussées à se préoccuper davantage des déchets de plastique ou d’autres matériaux. En effet, les nations du monde élaborent des plans en vue d’atteindre l’objectif de zéro émission de carbone d’ici 2050 en vertu de l’Accord de Paris de 2015. Les entreprises de construction peuvent examiner les bases de données portant sur les matériaux de carbone comme l’inventaire des émissions de carbone ou le Klimakkalkyle de Trafikverket, afin d’évaluer les niveaux de carbone dans différentes formes de plastique, en guise de point de départ pour déterminer comment en réduire la consommation de la manière la plus écologique.

La première étape pour tout entrepreneur qui s’engage à réduire la consommation de plastique consiste à créer un plan d’action, selon Isabel McAllister, directrice de l’activité économique responsable pour Mace. « C’est un long cheminement, mais la première étape consiste à examiner les ensembles de mesures clés pour voir lesquelles seront les plus efficaces et se concentrer sur celles-ci. Commencez par les victoires faciles », ajoute Mme McAllister.

« L’élimination des produits et emballages de restauration en plastique, l’utilisation de tasses et de verres réutilisables, l’achat de produits en vrac pour le nettoyage, et l’examen de l’ensemble des livraisons au bureau et de l’emballage des articles sont tous des victoires faciles. Sur les sites, les solutions peuvent être plus nichées, mais nous avons créé une ressource avec les options que nous avons essayées. Elles sont disponibles sur nos sites afin de travailler avec les entrepreneurs pour déterminer les éléments réalisables pour eux. »

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