Par John Cooper ,
Directeur mondial des services à la clientèle, énergie et électricité, Services spécialisés de Marsh
10/26/2021 · Lecture de 8 minutes
Les marchés de l’assurance en amont en Asie demeurent stables. Bien qu’il n’y ait eu aucun retrait important de la capacité dans la région au cours du dernier trimestre, plusieurs marchés chinois ont commencé à se retirer du secteur, à l’exception des pays où des intérêts chinois sont en jeu.
Les programmes d’exploitation n’ont connu aucun changement important dans l’autorisation de souscription, et la variation des cotes demeure de l’ordre de 5 % à 10 % pour les programmes ayant un bilan de pertes impeccable pendant au moins cinq ans. Les options du marché principal sont restées limitées pour les comptes des entrepreneurs. La conjoncture du marché est également demeurée difficile dans le secteur de la construction extracôtière, les taux et les franchises enregistrant des augmentations, surtout pour les ouvrages sous-marins. Bien que nous n’ayons pas constaté de changement de capacité au cours du dernier trimestre, nous continuons de mettre l’accent sur la qualité des sous-traitants et les dossiers de réclamations.
Le marché en aval asiatique a poursuivi sa stabilisation, la surcapacité des placements étant maintenant plus courante, les souscripteurs cherchant à maintenir leurs actions arrivant à échéance et à éviter les pressions à la signature. Les marchés sont maintenant prêts à faire preuve d’une plus grande souplesse, particulièrement en ce qui concerne les comptes sans perte, et même si elles sont rares, les ententes à long terme sont envisagées au cas par cas.
La perte d’exploitation demeure une priorité, et on cherche de plus en plus à mettre à jour les évaluations pour remédier à la réduction de l’activité dans ce secteur au cours des deux dernières années, conjointement aux préoccupations liées à la remontée de la valeur prévue. Toutefois, les ratios sinistres-primes des souscripteurs demeurent faibles, sans détérioration importante. Nous n’avons pas encore observé de baisses de tarifs sur le marché de la souscription en Asie, mais nous pourrions enregistrer une évolution dans cette direction au prochain trimestre. Les souscripteurs régionaux ont également connaissance des baisses de tarifs dans d’autres pôles du marché et chercheront à s’assurer que leur part de marché n’est pas minée.
Une situation semblable existe dans le secteur de l’électricité. Bien que les primes continuent d’être augmentées, une plus grande souplesse est démontrée pour les modalités de couverture et la tarification des comptes de pertes nettes. Cela correspond à l’effet de réduction progressive que nous avons signalé au cours des deux derniers trimestres : les marchés cherchent à protéger leur chiffre d’affaires après deux années de hausses de taux importantes. En revanche, les comptes qui ont enregistré de mauvais bilans de pertes sont toujours lourdement pénalisés par des augmentations des taux marquées, combinées à un rajustement à la hausse des franchises d’assurance de biens et de perte d’exploitation.
Les placements liés au charbon ont continué de connaître des hausses de taux d’au moins 30 %, même pour les assurés dont les antécédents de pertes sont impeccables. On s’attend à une nouvelle escalade des taux, car la capacité du secteur continue d’être sous pression en raison d’un certain nombre de réclamations récentes en Asie-Pacifique au dernier trimestre, estimées à environ 350 millions à 500 millions de dollars américains.
L’industrie de l’énergie et de l’électricité en Australie et en Nouvelle-Zélande ne cesse de faire face à une conjoncture du marché de l’assurance difficile, en particulier pour les assurés qui ont subi des pertes ou ceux qui sont exposés à des risques élevés de catastrophes naturelles. Malgré ces conditions difficiles, le marché s’est calmé et les hausses se sont stabilisées au dernier trimestre pour la plupart des clients.
Le secteur pétrolier et gazier continue de dominer la reprise du marché, en raison de l’historique des sinistres relativement sans danger éprouvé par le secteur à l’échelle mondiale. Bien que la capacité ne soit pas en surabondance, il semble maintenant que les marchés se positionnent pour tirer parti de la croissance et de la reprise. Cette quête de parts de marché devrait générer un niveau constant de concurrence et de stabilité.
Le secteur de l’électricité de la région a subi l’une de ses pires performances sur le plan des souscriptions ces dernières années en raison de deux sinistres importants. La valeur de ces deux incidents est susceptible de dépasser de façon significative le montant des primes brutes souscrites. Cela forcera les assureurs à réévaluer leur portefeuille pour 2022, ce qui exercera probablement une pression supplémentaire sur les hausses de taux.
L’accent mis sur la transition énergétique et la diminution de la capacité pour les placements liés au charbon continueront d’avoir des répercussions sur les prix tout au long de 2022. Bien que les prix semblent avoir atteint un sommet, de nombreux clients de ce secteur ont commencé à rechercher des solutions de transfert de financement de risques non traditionnels plutôt que de continuer à payer des coûts d’assurance insoutenables.
Il est certain que la capacité, jadis affectée à la production d’énergie thermique, s’est retrouvée dans le secteur des énergies renouvelables. L’afflux de nouveaux marchés dans ce secteur a généré une offre excédentaire de capacité, alors que les assureurs cherchent à gagner des parts de marché. Cela a donné lieu à une hausse de la concurrence, et les projets qui, auparavant, nécessitaient une participation du marché des assurances mondial peuvent être placés aisément sur les marchés de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande.
Les assureurs continueront de mettre l’accent sur la garantie et les conditions des polices en 2022. Il est probable que les clauses et le libellé des polices se durciront, en particulier pour ce qui est de la suppression de la couverture pour les dommages non matériels et des restrictions de couverture de perte d’exploitation éventuelles. Cela aura des effets sur les risques garantis, les limites géographiques et les périodes d’indemnisation réduites, ainsi que sur la restriction continue des clauses relatives aux maladies transmissibles et les limites de la cybergarantie.
La transformation en cours qui touche l’Arabie saoudite continue d’être essentielle au développement de la région du Moyen-Orient. Les objectifs ambitieux de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite visant à diversifier l’économie en délaissant le pétrole continuent d’accélérer les investissements du Fonds d’investissement public (FIP) dans un large éventail d’industries, y compris ceux des loisirs et de l’hôtellerie, de l’agriculture et des énergies renouvelables. Dans le cadre de l’engagement de l’Arabie saoudite à atteindre la carboneutralité d’ici 2060, les partenariats avec le FIP et le secteur privé chercheront à investir pour atteindre une capacité installée de 58 gigawatts d’énergie renouvelable, principalement sous forme d’énergie solaire photovoltaïque, d’ici 2030. Il ne faut pas sous-estimer le rythme du changement à cet égard.
Dans d’autres régions du Moyen-Orient, des transformations à plus petite échelle sont en cours par le biais de cessions et de privatisations continues. Ce processus de mobilisation de fonds alimente les investissements internationaux à l’extérieur du Moyen-Orient, en particulier sur le continent africain, et tout particulièrement dans les secteurs de l’énergie et des mines, où les industries nationales du Moyen-Orient cherchent à se diversifier géographiquement.
Le profil du paysage des assurances dans la région continue d’afficher une tendance positive du point de vue de l’acheteur : l’appétit et le déploiement de la capacité qu’affichent les marchés internationaux, les assureurs régionaux et les agents généraux gestionnaires sont en hausse.
Le rythme de l’évolution dans les secteurs de l’énergie en aval et de l’énergie conventionnelle a été particulièrement perceptible, la hausse de l’appétit ayant permis de ramener les taux à un point de référence uniforme. Dans certains cas, les acheteurs sont en mesure d’obtenir des coûts de prime équivalents plus bas en appliquant des modalités et des stratégies de superposition différentes. De plus, nous avons constaté une volonté des marchés d’envisager des rabais liés à la qualité des risques ou sensibles aux pertes, ainsi qu’un appétit croissant pour la conclusion d’ententes à long terme avec les clients considérés comme « essentiels ». En ce qui concerne les risques en amont, la stabilité mondiale relative se reflète à l’échelle régionale, bien qu’elle soit toujours dominée par un nombre limité de marchés pilotes crédibles dans la région. Le marché de l’énergie renouvelable montre des signes de croissance modeste, et les assureurs régionaux, en particulier, font preuve d’une volonté de veiller à ce que cela fasse partie des mesures de protection prévues dans leurs traités à l’avenir.
À l’approche de la fin de 2021, les assureurs du secteur de l’énergie et de l’électricité du Royaume-Uni pourraient être raisonnablement satisfaits de l’évolution au cours de l’année. Le contexte relatif aux taux est demeuré généralement positif tout au long de l’année, et les catastrophes naturelles qui ont entraîné des pertes garanties estimées à plus de 100 milliards de dollars américains ont eu des répercussions relativement mineures sur les marchés. La rentabilité du portefeuille est assurée pour la plupart des assureurs, notamment pour certains, en particulier dans le secteur en aval.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que l’appétit pour le risque augmente sur le marché de Londres et que la capacité augmente en 2022 pour tirer parti des conditions de souscription toujours favorables. Les agents généraux gestionnaires estiment qu’il est facile de prendre de l’expansion dans de nouveaux secteurs avec le soutien de fournisseurs de capitaux désireux de générer de solides rendements dans un contexte de faibles taux. Nous avons également constaté une forte croissance dans les nouveaux véhicules d’assurance de type « garantie subordonnée complète », par lesquels la souscription est effectuée à l’aide d’algorithmes, après une première année très positive dans l’atteinte des objectifs de rendement.
À l’avenir, nous prévoyons que les effets de la nouvelle capacité favoriseront un environnement transactionnel plus concurrentiel : les modalités différentielles seront en grande partie éliminées lors des renouvellements et les clients auront accès à un plus grand nombre d’options. Le retour de la concurrence des marchés régionaux devrait accentuer les pressions exercées sur les assureurs attitrés pour qu’ils offrent des conditions plus favorables, bien que l’autorité de souscription de bon nombre des assureurs mondiaux des secteurs de l’énergie et de l’électricité demeure concentrée à Londres.
Cependant, les perspectives ne sont pas également positives pour tous les acheteurs d’assurance. Les récentes discussions à la COP26 ont souligné l’urgence de s’attaquer aux émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie de l’énergie. Les assureurs ont réagi immédiatement en annonçant un calendrier de retrait du soutien des assurances dans certains secteurs. Cette réduction effective de la capacité dans ces secteurs se traduira par une diminution de la concurrence. En effet, nous constatons déjà que les marchés de Londres refusent de renouveler des comptes en raison de préoccupations générales liées aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance, et les clients devraient mettre fortement l’accent sur leur approche à cet égard dans le cadre des demandes de renouvellement, peu importe la catégorie.
De nombreux marchés londoniens ont également souligné les possibilités qu’offrira la transition énergétique. Alors que dans le passé certains ont été critiqués pour leur lenteur à soutenir l’industrie des énergies renouvelables, les assureurs sont de plus en plus enclins à entrer dans cette catégorie aujourd’hui. Cela a donné lieu à la plus forte bataille pour les talents que nous ayons vue dans l’industrie depuis un certain nombre d’années, alors que tous les participants forment des équipes capables de servir ce secteur. Grâce à ces capacités accrues en matière de souscription, nous nous attendons à voir l’introduction de nouvelles facilités et le développement de nouveaux produits. Les clients devraient connaître des résultats positifs à mesure que le marché de Londres se repositionnera afin d’obtenir la même pertinence pour les investisseurs en transition du secteur de l’énergie que pour les secteurs traditionnels de l’énergie.
Le marché a continué de se stabiliser au quatrième trimestre en raison de la vigueur des hausses de taux survenues tout au long de 2021, la plupart des souscripteurs régionaux ayant signalé avoir atteint ou dépassé leurs objectifs. En effet, pour de nombreux intervenants du secteur, l’attention s’est déjà tournée vers 2022 en prévision d’une concurrence accrue pour le risque et de façon assez remarquable, les talents. Sur le plan des produits, alors que les pressions sur le secteur de l’assurance de biens s’atténuent, les lignes d’assurance accidents et risques divers continuent de poser des défis même aux souscripteurs les plus engagés, à mesure que la fréquence et la gravité des pertes continuent d’augmenter.
À la fin de 2021, le bilan démontrera probablement que bien qu’elle fût difficile pour beaucoup, l’année a été celle où le nombre d’arrivants a dépassé celui des sortants, et où le capital de souscription de premier niveau a commencé à émerger en force, avec de grandes sociétés commerciales multinationales et des mutuelles sectorielles régionales qui renouvellent leur engagement à l’égard des secteurs de l’énergie et de l’électricité. Les taux soutiennent maintenant non seulement l’amélioration du rendement et l’augmentation de l’appétit, mais aussi, dans le cas des mutuelles, les distributions saines dont le versement au cours de l’année à venir a été annoncé.
Pour ce qui est de 2022, de nouveaux entrants commerciaux sont attendus, mais nous prévoyons également une augmentation des appétits, ce qui renverserait les tendances localisées qui ont nui à l’optimisation de l’utilisation de la capacité existante, même pour ceux qui présentent les profils de projet et de portefeuille les plus attrayants. En 2021, les mutuelles de l’industrie ont tenu leur promesse de soutenir davantage leurs entreprises membres, atténuant la volatilité et absorbant leur part de marché. Cette tendance devrait se poursuivre. Bien que la perspective de l’offre soit maintenant favorable pour les assurés, il sera néanmoins absolument essentiel que les assurés continuent de se positionner avec détermination, car la demande devrait elle aussi augmenter, en particulier pour le secteur des énergies renouvelables, où les sous-secteurs de l’énergie et de l’électricité se font de plus en plus concurrence, et où la filière des technologies éprouvées et moins éprouvées est tout aussi robuste. De nouveaux projets d’énergie éolienne, solaire, de conservation de batteries, de captage du carbone, de biocarburants et d’hydrogène se feront concurrence pour obtenir ce capital de risques spéciaux élargi, en plus des risques existants établis en matière d’énergie et d’électricité. La concurrence visant à obtenir le capital de risque de catastrophes naturelles en particulier ne fera que poursuivre sa hausse à mesure que les empreintes associées aux technologies énergétiques distribuées prendront de l’ampleur.