Par John Cooper ,
Directeur mondial des services aux clients, Énergie et électricité, Services spécialisés de Marsh
05/03/2022 · Lecture de 6 minutes
Les hausses de taux se sont poursuivies de manière générale au premier trimestre, mais elles étaient globalement inférieures aux hausses enregistrées au cours du dernier trimestre de 2021. Il reste difficile de s’y retrouver dans les options de transfert de risques actuellement disponibles, tout en créant de nouvelles solutions. La concurrence demeure sur le marché, et les souscripteurs demandent de manière proactive des possibilités d’affaires nouvelles et élargies.
Parmi les principaux défis auxquels sont confrontés les clients nord-américains, citons la pression inflationniste sur les taux d’intérêt, l’importance accrue accordée à la sécurité énergétique, les préoccupations relatives aux sinistres liés aux systèmes de stockage d’énergie par batterie (SSEB), le transfert des risques liés aux feux de forêt et les tendances négatives en matière de sinistres et de valeurs des sinistres. Les problèmes de chaîne d’approvisionnement qui ont des répercussions sur la valeur des pertes d’exploitation, combinés aux préoccupations concernant les catastrophes naturelles (à l’exception des feux de forêt et des orages de convection violents), continuent de perturber les modèles de tarification des assurances de biens.
Les répercussions de chaque défi varient selon la catégorie de garantie. Des échanges proactifs et constructifs sont essentiels pour négocier des changements de taux, de primes, de modalités et de risques afin d’obtenir des résultats de placement raisonnables et gérables dans un marché qui tente de se réadapter.
Les catégories commerciales à risque plus élevé, en particulier les risques liés à l’énergie classique, continuent d’exiger des renseignements techniques détaillés sur les actifs, les risques liés aux SPFA, les transitions du charbon, et les protocoles de retour au travail hybride (pour les catégories d’indemnisation des travailleurs et d’assurance automobile).
La concurrence provenant de la nouvelle capacité lancée sur les marchés en Europe et aux Bermudes augmentera la pression sur les marchés intérieurs nord-américains. Le taux de réduction des capacités au premier trimestre est inférieur aux tendances observées au cours des derniers trimestres. Un nombre croissant de marchés sont ouverts à l’ajout progressif de petites limites au cas par cas, en réponse à la pression concurrentielle et à des objectifs de croissance ambitieux.
L’intérêt pour les risques liés aux énergies renouvelables continue de croître, comme en témoignent les changements de capacité et les appétits corrigés pour l’assurance de biens et l’assurance risques divers. Pour soutenir davantage ce changement d’appétit, les Services spécialisés de Marsh ont lancé un programme de portefeuille nord-américain au cours du trimestre. Cette facilité offre une solution pour les risques individuels à petite échelle liés aux énergies renouvelables qui ne sont pas autrement pris en compte de manière pertinente par les tarifs ou les modalités du marché actuel.
Les solutions permettant de faire passer le risque d’assuré à autoassuré (y compris les captives) sont de plus en plus mentionnées lors des discussions de renouvellement. De nombreuses entreprises lasses des augmentations constantes, y compris celles qui ont des relations de longue date avec les assureurs, découvrent qu’elles peuvent s’autoassurer plus efficacement en se transférant le risque et la prime des assureurs.
Le marché australien de l’assurance a une fois de plus été frappé par des catastrophes naturelles importantes au cours du premier trimestre, les sinistres assurés liés aux inondations du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud devant dépasser deux milliards de dollars australiens. Bien que les réclamations proviennent essentiellement du secteur résidentiel et des petites et moyennes entreprises, les répercussions financières risquent de peser lourdement sur la rentabilité des assureurs de la région. Cela pourrait ralentir la reprise du marché des assurances, qui a montré des signes de ralentissement au cours du dernier trimestre de 2021.
Pour les comptes liés à l’énergie et à l’électricité dans le Pacifique, le premier trimestre est généralement lent, la plus grande concentration des renouvellements ayant lieu aux deuxième et troisième trimestres de l’année. Cependant, le cumul annuel à ce jour des renouvellements a reflété l’amélioration continue de la conjoncture du marché, la majorité des clients constatant des augmentations faibles à modérées de l’ordre de 5 à 10 %. Une bonne partie des assureurs s’accordent à dire que la tarification a atteint des niveaux adéquats, et les assureurs se satisfont de préserver les niveaux de primes pour les comptes à bon rendement.
Des signes montrent que de nouveaux capitaux entrent sur le marché, tous cherchant à ouvrir des bureaux en Australie. Certains marchés existants, qui s’étaient auparavant détournés des risques importants et complexes, ont manifesté un regain d’intérêt. Bien qu’il soit peu probable que ces marchés deviennent des chefs de file, les capitaux supplémentaires contribueront à atténuer certaines des pressions en matière de capacité dans la région. La décision d’AIG d’abandonner progressivement ses activités liées au charbon apporte une certaine clarté aux exploitants de centrales électriques établis en Australie.
Les pressions inflationnistes et leurs répercussions sur la validité des valeurs déclarées, ainsi que la compréhension des plans ESG ou de transition énergétique des clients, sont les principaux thèmes évoqués par la grande majorité des assureurs. Presque tous les assureurs veulent comprendre les mesures prises pour s’assurer que les valeurs déclarées sont adéquates. Cela pourrait être considéré comme une tentative des assureurs de trouver des moyens de compenser des augmentations de primes en baisse. Bien que cette affirmation soit partiellement vraie, pour les exploitants, le fait de disposer des bonnes valeurs garantit que les limites et les sous-limites sont adéquates et pertinentes. De la même façon, les assureurs veulent comprendre comment les clients abordent les facteurs ESG au sein de leur entreprise. Bien que cela n’ait pas encore eu de répercussions sur les clients en matière d’obtention de capacité ou de taux, il semble inévitable que le marché se dirige dans cette direction.
Pour les énergies renouvelables, la trajectoire positive de 2021 s’est poursuivie au premier trimestre. Des volumes importants de projets éoliens, solaires et SSEB sont en cours ou en préparation. Le marché australien est de plus en plus confiant quant à sa capacité à souscrire ces projets, l’augmentation constante de la concurrence commençant à avoir un effet sur la tarification. En ce qui concerne les activités existantes, le premier trimestre a été marqué par des augmentations stables ou faibles à un chiffre. L’hydrogène est une technologie émergente à l’échelle locale, et plusieurs petits projets sont en cours de développement. Il faudra un certain temps pour que les marchés acquièrent des connaissances et de l’expérience; pour l’instant, ils déterminent les prix en fonction de l’incertitude qui entoure leurs risques.
Les marchés des assurances en amont en Asie restent résilients : à ce jour, nous n’avons pas constaté de conséquences sur le marché à la suite des sanctions, bien que plusieurs assureurs aient annoncé leur intention de se retirer du Myanmar. Les souscripteurs voient plutôt avec optimisme les facteurs de croissance possibles à la lumière de la hausse des prix du pétrole et d’une augmentation prévue des activités de forage dans toute la région.
L’activité dans le segment de la construction en mer a augmenté même si la conjoncture du marché reste difficile, les assureurs mettant davantage l’accent sur la qualité des sous-traitants, les exigences des experts en garantie maritime et les projets dans lesquels les travaux sous-marins représentent un pourcentage considérable de la valeur globale du projet.
Aucun changement important n’a été apporté à la démarche de souscription au cours du dernier trimestre en ce qui concerne les risques opérationnels.
Dans le secteur en aval, on a assisté à un passage attendu d’une conjoncture du marché difficile à des conditions plus stables, et nous prévoyons que cette tendance se poursuivra. La capacité du marché augmente, et plusieurs marchés ont proposé des modalités concurrentes pour tenter de garantir l’obtention de comptes favorables. Les pertes d’exploitation continuent de faire l’objet d’une attention particulière, car les préoccupations concernant l’inflation ont des répercussions sur l’évaluation des actifs, et les souscripteurs s’attendent à ce que les montants assurés des programmes soient modifiés en conséquence.
Dans le secteur de l’électricité (à l’exclusion des centrales au charbon), les marchés opérationnels continuent à faire preuve de discipline en matière de souscription. Cependant, nous constatons des signes d’amélioration du marché pour les clients, avec une plus grande souplesse dans la tarification et la capacité des usines de qualité ayant de bons antécédents du risque. La situation pour les placements liés au charbon, en particulier les centrales au charbon nouvellement mises en service, est extrêmement difficile. Cette réalité a été mise en évidence par la récente décision d’AIG de supprimer progressivement sa participation aux activités liées au charbon. Cette réduction de la capacité aura des répercussions sur la tarification et les limites pour les assurés.
Dans le secteur des énergies renouvelables, la capacité, les garanties et la tarification restent un défi pour les placements maritimes et terrestres. Cette situation est principalement due aux inquiétudes concernant les risques de catastrophe naturelle, qui ont entraîné des sinistres sur les marchés. Cependant, les énergies renouvelables offrent un grand potentiel pour l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, et toute nouvelle capacité aidera à réduire les risques liés à la transition énergétique pour les parties prenantes en Asie.