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T1 2022

À la une : Les 100 plus grands sinistres dans l’industrie des hydrocarbures

En avril, les Services spécialisés de Marsh ont publié le 27e rapport sur les 100 plus grands sinistres dans l’industrie des hydrocarbures (100LL).

En avril, les Services spécialisés de Marsh ont publié le 27e rapport sur les 100 plus grands sinistres dans l’industrie des hydrocarbures (100LL). Cette publication résume les 100 plus grands sinistres de dommages matériels subis par le secteur de l’extraction, du transport et de la transformation des hydrocarbures entre 1974 et 2021.

Le rapport donne l’occasion de revenir sur les leçons du passé et de dégager les problèmes et tendances clés des grands sinistres, afin de comprendre les améliorations à apporter aux activités et aux pratiques de gestion des risques.

Seulement deux cas de dommages matériels ont été ajoutés au classement des 100 plus grands sinistres depuis notre dernier rapport publié en 2020, les coûts desquels s’élèvent respectivement à 200 et 300 millions de dollars américains. Cela équivaut au montant moyen le plus faible jamais enregistré pour une période de deux ans dans le classement 100LL depuis la période 1995-1996 (voir la figure 1). Il s’agit d’un changement remarquable par rapport aux derniers numéros de la publication 100LL, car les périodes 2018-2019, 2016-2017 et 2014-2015 ont contribué respectivement à 7 entrées (totalisant 4,1 milliards de dollars américains), 4 entrées (totalisant plus de 2,6 milliards de dollars américains) et 3 entrées (totalisant 1,4 milliard de dollars américains).

Figure 1

Le coût des ajouts au rapport 100LL est indiqué sur une période continue de deux ans.

Le montant relativement faible de 250 millions de dollars américains par année pour la période 2020-2021 est mis en évidence afin de faciliter la consultation (ligne orange).

Du point de vue de la sécurité des procédés, la pandémie pourrait avoir eu des effets positifs indirectement à court terme. Cependant, les répercussions à moyen et à long terme restent à voir.

Raisons à court terme de la réduction des grands sinistres

La vague de sinistres importants que certains craignaient aux premiers jours de la pandémie ne s’est pas concrétisée. Cette situation est en partie attribuable au fait que les installations ont réussi à gérer avec brio l’interruption des pratiques de travail en place au moyen de plans de continuité des activités bien exécutés. Ces plans comprenaient des modifications aux niveaux de dotation et à la gestion du risque connexe lié à la fatigue pour les travailleurs de quarts. Un certain nombre d’autres facteurs peuvent également avoir contribué à atténuer les risques liés à la sécurité des procédés :

  • Une approche axée sur le « retour aux sources » adaptée à chaque installation. Les nouveaux projets et les changements prévus ont été mis en attente, et la priorité a été donnée à la stabilité des opérations plutôt qu’aux projets d’optimisation.
  • Un report des délais de production prévus et des grands travaux de mise en service de projets en raison des difficultés des installations à se procurer les matériaux et les entrepreneurs indispensables, ou en raison de l’impossibilité à mettre en œuvre des opérations complexes dans le respect des règles de sécurité liées à la pandémie de COVID-19. La réduction des travaux d’entretien et des activités temporaires aura, du moins à court terme, aidé à éviter une cause profonde possible d’incidents liés à la sécurité des procédés.
  • De nombreux actifs, notamment dans les secteurs en amont et du raffinage, ont été exploités bien en deçà de leurs limites maximales de fonctionnement sécuritaire.

Aspects et répercussions à moyen et à long terme

À l’avenir, un certain nombre de risques devront être gérés avec soin afin d’éviter d’éventuels « sinistres différés ». Les exploitants devraient tenir compte des éléments suivants :

  • Le report des délais de production a entraîné un important retard des travaux d’inspection et d’entretien. Si les risques associés au report de ce travail essentiel n’ont pas été gérés adéquatement, ou si les travaux en retard ne sont pas faits en temps opportun, cela pourrait constituer une cause fréquente de sinistres au cours des prochaines années.
  • L’exploitation des actifs à une capacité de production sécuritaire minimale peut avoir une incidence négative sur la fiabilité des actifs, si la gestion est inadéquate. L’équipement peut s’encrasser plus facilement, les tubes-foyers peuvent se cokéfier plus rapidement et l’équipement rotatif, comme les compresseurs et les pompes, est plus susceptible de tomber en panne après un fonctionnement à un niveau de production minimal.
  • De nombreuses installations ont suspendu leurs exercices d’intervention d’urgence pendant la pandémie en raison des difficultés liées au respect des directives de sécurité relatives à la COVID-19. Cela pourrait signifier que les équipes d’intervention d’urgence ne connaissent pas aussi bien les plans d’intervention propres aux installations, ce qui risque de nuire aux efforts d’atténuation en cas d’incendie ou d’explosion.
  • Un certain nombre d’installations ont eu recours au travail à distance pour mener à bien des études de risque et d’exploitabilité (HAZOP), des études de sécurité des projets ou encore des évaluations des risques dans le cadre du processus de gestion du changement. Si elle n’est pas bien gérée, la qualité de telles analyses de sécurité peut être compromise.
  • Depuis le début de la pandémie, certaines entreprises pourraient avoir connu un important roulement de personnel, y compris des licenciements. La perte de personnel expérimenté, en particulier aux postes décisifs pour la sécurité, posera un risque évident si elle n’est pas gérée adéquatement.
  • Les répercussions financières de la pandémie sur les bilans pourraient accroître les activités de fusion, d’acquisition et de cession au cours des prochaines années. La perturbation causée par une transition mal gérée de la propriété peut précipiter des événements liés aux procédés de sécurité de diverses façons.

Résumés sectoriels

Transformation du gaz

Sept sinistres de dommages matériels liés à la transformation du gaz figurent parmi les 100 plus grands sinistres, le plus récent étant un incendie survenu en Norvège en septembre 2020.

Les propriétés du gaz naturel liquéfié (GNL) réduisent considérablement le risque de corrosion interne. L’expérience mondiale en matière de conception, de construction et d’exploitation d’installations de GNL a contribué à limiter les très grands sinistres dans ce secteur. L’incendie de septembre 2020 se serait produit parce que « l’échangeur de chaleur antigivrage de l’entrée d’air a été utilisé hors de son cadre d’application prévu ».[i] Cela nous rappelle qu’il existe un risque de sinistres graves dans ce secteur en raison de leur complexité et de leur valeur.

Pétrochimique

Il n’y a eu aucun ajout de ce secteur au rapport 100LL au cours des deux dernières années. Cependant, quelques sinistres pétrochimiques notables se sont produits, dont deux en Corée du Sud : Daesan en mars 2020 et Yeosu en novembre 2020.

Bien qu’elle ne réponde pas aux critères du rapport 100LL, une explosion de grande ampleur survenue dans une usine pétrochimique à Tarragone, en Espagne, en janvier 2020, a fait trois morts. Un de ces décès est survenu à plusieurs kilomètres de l’installation, causé par un projectile d’une tonne métrique. Cela témoigne de l’importance potentielle des risques de responsabilité civile dans ce secteur. 

Plusieurs facteurs contribuent aux antécédents du risque des usines pétrochimiques. Elles contiennent souvent une concentration d’équipements et de machines de grande valeur, fonctionnent généralement à des températures et des pressions élevées, et nécessitent un contrôle minutieux des réactions chimiques pouvant être violentes. Cependant, les matières transformées dans les usines pétrochimiques ont normalement été prétransformées (par exemple, fournies par les raffineries de pétrole), ce qui signifie que la majorité des contaminants présents dans les produits de départ auront été éliminés avant leur réception, ce qui les rend moins sensibles à plusieurs processus de corrosion.

Raffinage

Un nouveau sinistre de raffinerie a été ajouté à ce numéro du rapport 100LL, et les sinistres de raffinerie représentent désormais 37 % des plus grands sinistres. L’incident s’est produit à Cape Town, en Afrique du Sud, en juillet 2020.

En général, les raffineries de pétrole sont un groupe d’actifs vieillissants. Les actifs plus anciens ont souvent été soumis à la fois à des projets d’expansion visant à augmenter la capacité et à l’installation rétrospective d’actifs de grande valeur et à haute conversion. L’ensemble de ces éléments a produit une plus grande concentration de valeur dans les installations. Les raffineries transforment le pétrole brut et ont donc un éventail de produits de départ beaucoup plus varié et changeant que les autres catégories d’actifs.

La combinaison des actifs vieillissants, de la concentration accrue de valeur et de la diversité des produits de départ est susceptible d’avoir contribué au fait que ce secteur représente la plus grande proportion des 100LL.

Terminaux et distribution

Seuls sept sinistres liés aux activités de terminal et de distribution figurent parmi les 100LL, le plus récent ayant eu lieu en 2005. La disposition physique de la majorité des actifs de terminaux et de distribution, associée à la valeur de l’usine et de son équipement, signifie que peu d’installations ont une concentration de valeur suffisante pour donner lieu aux sinistres de dommages matériels les plus importants. 

Amont

Le secteur en amont représente 23 % des 100LL. Cependant, il ne faut pas oublier que le rapport ne porte que sur les dommages matériels et n’inclut pas les coûts supplémentaires liés à une bonne surveillance ou à la responsabilité civile. Le total des réclamations en responsabilité civile pour le sinistre de Macondo dans le golfe du Mexique en 2010 est estimé à plus de 40 fois la valeur des dommages matériels associés.

Le plus récent sinistre en amont à être inclus aux 100LL s’est produit en février 2016, et les cinq années suivantes marquent la plus longue période sans ajout du secteur en amont au rapport 100LL depuis la période 1993 à 2001.

[1] L’enquête sur les incendies à Tjeldbergodden et Hammerfest est maintenant terminée.

Fast facts

Avec un total de 37 sinistres, le secteur du raffinage affiche la plus forte proportion de sinistres. Il est suivi du secteur pétrochimique, qui en a subi 26, et du secteur en amont, qui en a subi 23.

Plus de 5 ans se sont écoulés depuis un sinistre important dans le secteur en amont, le dernier incident ajouté au classement des 100 plus grands sinistres remontant à février 2016.

Six des vingt sinistres les plus coûteux et dix-neuf des cent plus grands sinistres ont eu lieu au cours des dix dernières années.

Les sinistres sont dus à 32 % à une explosion, à 24 % à des défaillances mécaniques et à 13 % à une catastrophe naturelle.

L’Amérique du Nord et l’Europe ont enregistré le plus grand nombre de sinistres avec 37 et 25 sinistres, respectivement. Les régions de l’Amérique latine et du Moyen-Orient – Afrique ont toutes deux subi 14 sinistres, tandis que l’Asie-Pacifique en a enregistré 10.

Les valeurs ajustées des sinistres matériels varient de 189 millions à 2,3 milliards de dollars américains.

T1 2022

Bulletin trimestriel des assurances du secteur de l’énergie et de l’électricité

 

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