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Gestion des risques dans l’aire de trafic : hausse des accidents prévue avec la reprise du transport aérien

Marsh décrit les principales étapes de gestion des risques pour les compagnies aériennes afin de réduire les incidents côté piste dans la zone de l'aire de trafic.
Plane parked at airport landing field

La pandémie de COVID-19 a sans aucun doute eu un impact sans précédent sur l’industrie de l’aviation, surpassant les attaques du 11 septembre 2001, qui avaient provoqué une peur généralisée des déplacements en avion, ainsi que l’éruption volcanique islandaise de 2010, dont le nuage de cendres avait paralysé le transport aérien. Auparavant en activité jour et nuit, cette industrie a dû mettre à pied de nombreux employés, tandis que ses appareils demeuraient cloués au sol pendant des mois.

Les avions qui sont stationnés dans les aéroports, notamment dans les hangars, sont vulnérables aux collisions, aux éraflures et aux dommages causés par les autres véhicules qui se déplacent à proximité. Ces véhicules comprennent notamment les camions-citernes, les camions-commissariats, les chariots à bagages ainsi que les autobus de transport de passagers.

Au fur et à mesure que les voyages en avion reprennent, il est possible que l’on observe une hausse des accidents dans les aires de trafic des aéroports partout dans le monde puisque le personnel qui y travaille n’a pas effectué ses tâches depuis un certain temps.

Même avant que la COVID-19 ne frappe, les compagnies aériennes étaient aux prises avec des volumes élevés de sinistres légers chaque année en raison d’incidents impliquant des avions dans l’aire de trafic, pertes dont les montants étaient souvent inférieurs aux franchises. De même, les installations d’entretien, de réparation et de révision signalent souvent des dommages aux avions ou aux pièces de rechange dans les hangars.

Comme les appareils modernes comportent de plus en plus de matériaux composites, leur navigabilité peut être affectée par des incidents qui, auparavant, auraient pu présenter un risque moindre (par exemple, éraflure ou bosselure mineure causée par un véhicule de service). Dans tous les cas et pour tous les avions, les dommages aux moteurs causés par les incidents au sol continuent d’entraîner des dépenses en immobilisations et des coûts d’exploitation très élevés pour les transporteurs aériens. En effet, les compagnies aériennes doivent non seulement payer les réparations requises, mais aussi assumer les pertes d’exploitation qu’entraînent les retards aux escales causés par des dommages à un appareil.

Ces accidents découlent habituellement des facteurs suivants :

  • Absence d’une sensibilisation constante à la gestion des risques, différences dans la culture de gestion des risques des entités travaillant dans les aires de trafic et politiques et procédures incohérentes entre les diverses parties prenantes et les différents territoires
  • Variations dans les activités d’entretien et d’inspection du matériel utilisé dans les aires de trafic et des infrastructures aéroportuaires
  • Comportements non conformes des opérateurs côté piste en raison d’une supervision insuffisante, d’une application défaillante des protocoles ou d’une rotation élevée des effectifs.
  • Qualité inégale des méthodologies d’évaluation des dangers, d’évaluation de la gestion des risques et d’amélioration continue.
  • Un facteur aggravant post-incident est l’absence d’uniformité dans la culture de déclaration des événements à travers le réseau en étoile et les escales du réseau international du transporteur aérien, c’est-à-dire les bases opérationnelles où les travaux d’entretien, de modification et de réparation d’avions sont effectués. Cette situation peut créer des incertitudes et des retards dans les enquêtes lors d’incidents, dans l’attribution des responsabilités contractuelles ainsi que dans le dépôt et le règlement des réclamations.

Défaut de consigner les incidents survenus dans l’aire de trafic

Les sondages sur la culture de sécurité menés par Marsh indiquent généralement que bien que la majorité des répondants soient d’accord ou fortement d’accord avec l’affirmation que les accidents, les quasi-incidents et les blessures sont toujours signalés, de nombreux employés de compagnies aériennes mentionnent souvent qu’ils ne reçoivent aucune rétroaction. De plus, les répondants soulignent qu’ils n’ont pas l’occasion de discuter des leçons tirées d’un incident avec les responsables de leurs installations, et encore moins avec les opérateurs de l’aire de trafic ou des escales outremer ou encore avec les aéroports desservant les itinéraires internationaux.

Ces résultats soulignent la nécessité pour les sociétés aériennes du monde entier de mettre en œuvre des procédures et des initiatives culturelles plus rigoureuses afin d’atténuer les risques dans les aires de trafic.

Feuille de route pour la réduction des accidents dans l’aire de trafic

Il existe un certain nombre de mesures que les entreprises qui exploitent une aire de trafic peuvent prendre pour réduire les incidents.

  1. Effectuer une analyse des cas et des données sur les réclamations afin de déterminer les causes fondamentales des incidents. Cette mesure devrait inclure une analyse financière des événements et un examen des procédures opérationnelles.
  2. Interroger les parties prenantes au moyen de sondages ou d’ateliers afin de dresser un portrait complet de la culture de sécurité et de gestion des risques en place.
  3. Élaborer des outils d’évaluation normalisés et des paramètres de rendement, et effectuer un examen détaillé de la gouvernance en matière de risque et de sécurité au moyen de campagnes d’observation de l’exploitation réelle dans un échantillon d’installations. Ces activités devraient être menées à un grand nombre de postes de stationnement d’aéronef et à plusieurs moments de la journée afin de consigner les comportements ainsi que les facteurs de risques à proximité des différents types d’avions et pour les différents types d’usage (passagers et marchandises).
  4. Tenir des discussions approfondies avec les services responsables de la gestion des risques et de la sécurité au sujet de la mise en place des procédures de sécurité nécessaires et de l’examen des leçons apprises. 
  5. Donner des cours de « formation des formateurs » afin d’intégrer davantage les bonnes pratiques.
  6. En mettant en œuvre certaines des stratégies de gestion des risques dans l’aire de trafic mentionnées ci-dessus, Marsh a pu aider une compagnie aérienne à réduire de moitié les coûts associés aux dommages au corps des aéronefs et aux pertes d’exploitation, et à économiser ainsi plusieurs millions de dollars par année. Cette compagnie aérienne a également noté que son programme triennal avait réduit d’un cinquième les bons de travail pour avions liés aux incidents dans l’aire de trafic à ses principales escales.

Pour réaliser ces économies, le transporteur a d’abord procédé à une évaluation afin de cerner ses risques. Des listes de vérification et des procédures d’observation des aires de trafic pour l’analyse des données sur les incidents touchant les avions ont ensuite été introduites, et des programmes ont été mis en place afin d’améliorer la culture globale de gestion des risques et d’accroître l’engagement du personnel dans le processus.

Nécessité d’une approche proactive

Au fur et à mesure que le tourisme aérien augmente, les compagnies aériennes devraient prendre des mesures préventives en matière de sécurité, car elles pourraient éventuellement payer le prix des dommages et des pertes d’exploitation causés par une hausse des incidents.

Elles pourraient, par exemple, persuader les opérateurs côté piste à adopter de meilleures pratiques de sécurité ou encore introduire des amendes et annuler les contrats en cas de non-respect des protocoles. Il est également recommandé aux compagnies aériennes de continuer à communiquer des renseignements sur les procédures aux parties prenantes aux aéroports où elles se trouvent afin d’encourager la culture juste déjà bien vivante au sein des intervenants dans l’aire de trafic.

Si vous avez des questions sur la gestion des risques dans l’aire de trafic, veuillez communiquer avec votre conseiller spécialisé de Marsh.